Liliana-Isabela Apostu
Ouvrage
La violonistique populaire roumaine dans les œuvres de Béla Bartók et de George Enescu
Liliana‐Isabela Apostu © Edition L’Harmatan, Collection Univers musical, Paris,
Cet ouvrage vise à contribuer au développement de la connaissance des compositions pour violon de George Enescu et de Béla Bartók. Les deux musiciens ont été formés dans la tradition savante mais ont eu un contact direct avec la musique populaire tout au long de leur vie ; leurs œuvres sont le résultat d’une synthèse harmonieuse opérée entre la maîtrise de l’art compositionnel du début du XXe siècle et des éléments appartenant à la musique de tradition orale véhiculée par l’intermédiaire des interprètes populaires. Faisant référence à l’interprétation violonistique, ce travail propose une approche nouvelle de l’interaction entre deux mondes en apparence opposés. Les musiciens populaires, appelés en Roumanie lautari ont influencé la pensée des deux compositeurs qui ont assimilés non seulement des éléments de langage (tournures mélodiques, modes, rythmes) mais aussi stylistiques, interprétatives et des techniques spécifi ques de jeu instrumental. L’étude des sources mais aussi une recherche sur le terrain furent nécessaires à l’élaboration de ce travail. L’art interprétatif des violonistes populaires de Roumanie a été comparé à l’art des violonistes issus du milieu savant.
Si l’œuvre de Bartók et Enescu a jusqu’ici été étudiée du point de vue du langage musical et de la modernité qu’incarnent les deux compositeurs, les aspects instrumentaux n’ont, quant à eux, guère été abordés. C’est pourquoi ce travail ouvre un nouveau débat en s’appuyant sur la méthodologie comparative, l’objectif étant de créer un lien cohérent entre l’analyse musicaleet l’interprétation vivante.
Cette publication est réalisée à partir de travaux de recherche dans le cadre du Doctorat ès Arts à l’Université de Nice en 2010. Malgré la modernité qu’ils incarnent (à côté des compositeurs comme Stravinsky ou même Schoenberg) et les langages musicaux originaux qu’ils ont inventés et appliqués dans leurs compositions, ces deux musiciens restent encore peu connus en France et la bibliographie les concernant est plutôt pauvre. Les recherches sur Bartók sont plus abondantes en Hongrie et aux Etats‐Unis; celles sur Enescu sont menées essentiellement en Roumanie, pays de naissance du compositeur. Même s’il a passé la plus grande partie de sa vie en France, étant établi à Paris depuis son adolescence, ville où il a abouti ses études musicales et qui l’a accueilli en tant que compositeur de génie, violoniste d’exception et pédagogue réputé (le Rectorat académique de Créteil se situe rue Georges Enesco), Enescu (son nom en roumain) n’a pas encore la place qu’il mérite parmi les compositeurs français. La découverte ou la redécouverte de leur musique enrichira sans doute les connaissances et le répertoire des lecteurs de cet ouvrage, car les domaines musicaux abordés sont riches et divers, allant des aspects mélodiques, rythmiques, modaux, liés aux timbres, à l’imitation des autres instruments par le violon et le piano, au rendu sonore des bruits de la nature intégrés à la musique. Un chapitre entier est consacré aux modes de jeu spécifiques du violon.